Que ça soit sur les berges ou au fond du lit, le cours d’eau est en mouvement et évolue au gré des saisons et des évènements marquants tels que des crues ou des sécheresses. Véritable espace vivant, il est au cœur des préoccupations de la CLEDA qui veille à son bon fonctionnement.

Une rivière qui bouge à tous les étages

En surface

Il est facile de constater la variation de débit dans les cours d’eau selon les saisons : hautes eaux à l’automne et au printemps et basses eaux en hiver et en été. On remarque également qu’après une crue le lit de la rivière « a basculé » d’une rive à l’autre. On peut parler de crue « morphogène » qui modifie la forme du cours d’eau.

Drac blanc au Pont de Corbière – ©CLEDA
Les tresses du Drac – ©CLEDA

Sous l’eau

Selon son débit, la rivière va être en mesure de déplacer de plus ou moins gros matériaux présents dans son lit tels que des blocs, des galets, du gravier ou des sédiments fins et ce sur de grandes distances. C’est un processus naturel appelé couramment « transport sédimentaire » qui s’équilibre entre des phases d’érosion et de dépôt. 

Très importante sur les cours d’eau de montagne, cette dynamique est entravée par les activités et infrastructures humaines : protections de berges, digues, seuils, extraction des sédiments… Ces impacts peuvent progressivement réduire la capacité de transport sédimentaire et déséquilibrer le fonctionnement naturel d’un cours d’eau. Ce déséquilibre pousse la rivière à trouver des éléments transportables ailleurs et notamment sur les berges.

Sur les berges

La végétation est indissociable de la rivière, elle est appelée « ripisylve » ou « forêt alluviale ». Souvent composée de bois jeunes et tendres (bouleaux, aulnes, frêne) c’est une zone de transition entre le milieu terrestre et le milieu aquatique. Elle a de multiples fonctions : stabilisation et protection des berges, absorption des polluants, cadre de vie et de refuge pour la faune. Son dépérissement ou sa destruction sont des facteurs de dysfonctionnement des cours d’eau et concourent à la création d’embâcles.

La Séveraisse – ©CLEDA

Comment entretenir une rivière ?

Curage et recharge sédimentaire

Ces opération ont pour objectif de restaurer une dynamique sédimentaire efficace et de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre.

Grâce à des levés topographiques (LIDAR) réalisés régulièrement, et sur l’ensemble des cours d’eau du bassin versant, il est possible de localiser et quantifier les dépôts de matériaux et les érosions de lit au fil du temps. Ainsi, selon les niveaux définis et inscrits dans les documents de gestion, des opérations de curage ou de recharge sont déclenchées.

Le curage, ou extraction raisonnée, permet d’une part de retirer des matériaux du lit afin de limiter les risques de débordement lors des crues dans les secteurs les plus exposés et d’autre part de conforter les apports là où ils sont nécessaires : stabilisation en pied d’ouvrage ou de berge par exemple.

Travaux dans le torrent de Mallamort – ©CLEDA
Embâcles dans la Souloise – ©CLEDA

Suppression d’embâcles et élagage raisonné

Un embâcle est un amas de débris végétaux, parfois entremêlés avec des déchets (bâche, pneus, bidons…), qui entrave le bon écoulement de l’eau et forme parfois des « bouchons » sous les ponts.

Ils contribuent à l’érosion des berges, à l’envasement du lit et augmentent le risque inondation en entravant le bon écoulement des eaux mais également la circulation des espèces aquatiques. Leur suppression permet donc retirer ses « bouchons » formés de végétation et de déchets des cours d’eau afin de retrouver un écoulement normal.

Sur les berges, un élagage raisonné est réalisé afin de retirer différents éléments : souche proéminente, arbre penché suite à une érosion de berge ou un dépérissement…

Arasement d’iscle et réouverture de bras

Lors de longues périodes sans eau, des bancs de végétation se forme dans le lit des cours d’eau et des bras secondaires se « ferment » et sont obstrués par la végétation. Le débroussaillage et l’élagage des arbres présents sur ces bancs ou « iscles » permet au cours d’eau de venir récupérer les sédiments mis à nu lors de la crue suivante et ainsi réalimenter le transport solide.

La réouverture de bras secondaire via le débroussaillage de la zone et la réouverture de l’entrée du bras par le déplacement de matériaux, offre aux espèces aquatiques la possibilité de retrouver un milieu de vie favorable et propice à sa reproduction mais également un lieu de refuge lors des crues.

Réouverture de bras secondaire – ©CLEDA

A qui incombe cette mission ?

Cette mission est dévolue au propriétaire riverain du cours d’eau.

Néanmoins, la structure en charge de la compétence GEMAPI peut se substituer au propriétaire riverain uniquement dans le cadre d’une Déclaration d’Intérêt Général (DIG) et avec l’autorisation du propriétaire.

C’est le cas de la CLEDA qui dispose d’une DIG depuis 2010 et qui a établit un programme pluriannuel d’entretien des cours d’eau appelé Plan de Gestion et d’Entretien. Il est défini à l’échelle du Drac et de ses affluents et fait l’objet de campagnes annuelles de travaux sur des sites préalablement identifiés.

Quand l’entretien ne suffit pas, il faut restaurer le cours d’eau

Quand le déséquilibre sédimentaire est trop important et que l’entretien des rivières ne suffit plus à retrouver un bon fonctionnement, on a recours à des opérations de restauration.

Ainsi, sur 4 km entre le Plan d’eau du Champsaur et St-Bonnet-en-Champsaur, la CLEDA a mené une opération de restauration du Drac. Cette opération d’envergure et inédite en France de part son linéaire s’est déroulée en 2013/2014.

Le Drac durant les travaux en janvier 2014 – ©CLEDA